Je suis un lit «à la recherche du temps perdu», la «petite Madeleine» du jardin de Pause Campagne.
Il est possible que j'ai croisé Proust dans ma jeunesse mais le temps se moque des souvenirs. Je me souviens pourtant avoir été le confident de jolis songes et de secrets jamais dévoilés, le complice de jeux de pelochons et de rires nocturnes.
Je suis entré par la grande porte dans de jolies maisons bourgeoises puis un jour tout a basculé, il y a eu des cris et des pleurs, on m'a descendu à la cave et dans l'obscurité humide j'ai compris l'horreur de la guerre. C'est là que ma mémoire s'est arrêtée... je me suis replié sur moi-même et je suis tombé dans l'oubli.
Un matin d'automne on m'a tiré violemment vers l'extérieur pour me jeter au fond d'une cour. Cassé, rouillé, oublié, je me croyais perdu... Une lueur d'espoir est apparu à la lumière d'un jour de janvier, il était question de décoration et d'argent, j'ai compris alors que j'allais être vendu. Sur la route qui me menait à ma nouvelle destination, je voyais la verdure, les collines, j'entrevoyais le miracle de la vie.
Me voici maintenant dans ce beau jardin paisible, le chant des oiseaux au dessus de ma tête, je me surprends à rêver de nouveaux printemps et de nouvelles saisons... On m'a recouvert d'Alysses et je suis au Pays des Merveilles !
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