Depuis mon enfance, j'ai toujours été intriguée par les cadres photos qui ornaient les différents meubles de notre maison... Certains disparaissaient mystérieusement puis ré-apparaissaient selon nos visiteurs. Si l'identité de certains m'était familière, d'autres me laissaient perplexe... Les morts se mèlaient aux vivants et les vivants étaient difficilement identifiables pour la petite fille que j'étais car ils étaient d'une autre époque. Comment imaginer que mes parents puissent avoir été jeunes ?
Ma photo favorite reste celle de ces petites jumelles, Hélène ma tante à gauche et ma mère Mauricette à droite. Cette photo date de 1927 et témoigne de la qualité des clichés de l'époque. Il s'agissait d'un nouveau procédé expérimenté dès le milieu du XIXe siècle, la colorisation des photos en noir et blanc, ajoutant une note réaliste et artistique à l'oeuvre finale. Cette technique connut un vif succès auprès du public et se poursuivit jusqu'à l'apparition du kodachrome qui révolutionna alors le monde photographique.
Les techniques manuelles utilisées par les artistes et photographes (aquarelles, crayons, pastels, fusains...) étaient appliquées à la surface de l'image avec des pinceaux, les doigts, des aérographes... un vrai travail d'artiste ! Bel exemple avec la photo de mon arrière grand-mère retravaillée au fusain.
Aujourd'hui on trouve souvent de belles oeuvres dans les vide-greniers, posées à même le sol, l'intérêt du promeneur se porte parfois sur les cadres mais rarement sur ce personnage solennel, témoin d'une autre époque, figé dans son temps... espérant peut-être encore son heure de gloire.
La photo numérique s'est imposée, elle permet toutes les fantaisies, stocker, partager est un jeu d'enfant, détruire aussi d'ailleurs, plus de traces d'un passé parfois encombrant ou douloureux. Curieusement une révolution s'est faite aussi dans l'espace mortuaire, les incinérations rendent difficiles la mémoire familiale, mais là je vous l'accorde c'est une autre histoire....
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